8447 - De l’assemblée et au Sénat

N. Lygeros

L’avenir de la loi sur la pénalisation de la négation des Génocides reconnus par la France, est en train de se jouer entre l’Assemblée et le Sénat. C’est la procédure habituelle. Nous le savons de manière pratique depuis la loi de 2001 sur la reconnaissance du génocide des Arméniens mais aussi sur la première tentative de la loi sur la pénalisation. Cette fois bien sûr, le contenu de la loi est différent et sa nature est générique puisqu’il se positionne par rapport à la France sans spécifier les victimes. Il ne s’agit donc nullement d’une pénalisation spécifique mais d’un point de vue global qui vient compléter un vide juridique. Bien évidemment le contexte est lui aussi différent puisque nous sommes dans une année avec des élections présidentielles. Cependant il ne faudrait pas tomber dans le piège politicien, à savoir qu’il s’agit seulement d’une action qui recherche des voix. Qu’importe, car tous les hommes politiques font la même chose et cela n’intéresse en rien les défenseurs des droits de l’Homme. La seule importance de cette loi c’est son aspect humanitaire. Elle complète ce qui est reconnu, c’est tout. Par ailleurs, elle ne pénalise que les insultes faites à l’encontre de l’Humanité dans son ensemble. De ce point de vue, elle va dans le sens des droits de l’Homme à se protéger contre les bourreaux du passé et les génocideurs de la mémoire du futur. La politisation de cette loi n’est qu’un prétexte pour couvrir des positions partisanes qui se gardent bien de prendre part clairement et ouvertement contre ceux qui bafouent sans se gêner les droits de l’Homme. Les premiers se contentent de dénoncer des manipulations politiciennes alors qu’ils font exactement cela et ainsi laissent le champ libre aux seconds pour agir en toute impunité. Pourquoi le droit ne doit-il pas tenir compte des menaces, des chantages, des hackages de la part de fanatiques, pour montrer la nécessité d’une telle loi. Il est évident que la loi sur la reconnaissance du génocide demeure essentiellement symbolique tant qu’elle n’est pas complétée par la mise en place d’une procédure qui la renforce et la rende effective et efficace contre de tels agissements qui sont naturellement coordonnés par l’appareil génocidaire. Nous avons donc d’une part des états organisés pour continuer à nier l’existence de génocides et d’autre part des états dépourvus de stratégie des droits de l’Homme sous prétexte de permettre un dialogue neutre entre les deux parties. Or nous savons bien que rester neutre vis-à-vis du bourreau et de la victime, du génocideur et du génocidé, correspond toujours à prendre le parti du criminel. Sans l’intervention des justes, que peuvent attendre les survivants et les victimes ? Comment oserons-nous les regarder si nous n’effectuons pas notre devoir de mémoire ? Que diront-ils de notre dignité humaine ? Voilà les questions qui importent !