85911 - Transcription – De la gestion de crise à la découverte de solutions interdites

N. Lygeros

Lorsque nous affrontons une crise dans le domaine de la géopolitique nous avons une tendance naturelle à regarder uniquement ses aspects négatifs mais il faut bien imaginer qu’il y a aussi des aspects positifs. Pourquoi ? Sur le plan théorique une crise, finalement, consiste à un remaniement des données de manière qu’on obtienne un résultat qui n’était pas prévisible si on avait suivi un chemin classique, cela veut dire quoi ? Cela veut dire que finalement ça ressemble du point de vue algorithmique à un recuit simulé qu’on utilise aussi comme technique dans les algorithmes génétiques, c’est-à-dire en fait on va apporter un peu de bruit pour augmenter le degré de liberté du système qui ne soit pas bloqué sur une situation qui peut sembler parfaite, mais qui ne l’est uniquement qu’au niveau local. Donc une manière d’approcher une solution qui serait globalement plus efficace qu’une solution locale c’est finalement de perturber l’équilibre, de travailler hors équilibre, même loin de cet équilibre comme dirait Prigogine pour obtenir en fait une part de créativité dans la résolution des nouvelles données. Donc c’est une façon certainement non orthodoxe de faire, c’est certainement une façon difficile à appréhender quand c’est la première fois qu’on l’étudie mais sur le point de la recherche on voit que c’est une technique efficace, l’informatique le prouve, l’intelligence artificielle le prouve aussi, mais on pourrait dire aussi que du point de vue purement mathématique, comme l’ont prouvé des mathématiciens, comme Grothendieck c’est une manière de voir les choses totalement différente qui nous permet finalement de trouver une résolution qui n’était pas prévisible, peut être même pas permise s’il n’y avait pas eu cet aspect conflictuel. Donc il faut bien réaliser qu’il est possible de valoriser et de considérer qu’une crise peut être une valeur ajoutée à partir du moment où on sait la gérer de manière stratégique. Donc cette gestion va nous permettre d’avoir de nouveaux éléments, peut-être même de nouvelles heuristiques qui vont permettre de résoudre des problèmes plus profonds et pas simplement de résoudre un problème de surface, à partir du moment où cela est possible, on est dans une face où on peut effectivement discerner dans une crise l’aspect positif de celle-ci et l’exploiter de manière intelligente pour aller de l’avant et trouver finalement une solution qui n’était pas permise précédemment.