86030 - Transcription : Le caractère fondamental du 11 Nov. 1918.

N. Lygeros

Pour bien saisir le fait que 11 Novembre 1918 n’est pas simplement une date, il faut réaliser le contexte de l’époque. À l’époque on ne parlait que de la dernière guerre. On pensait même que c’était la “der des der”. En réalité, on ne pouvait pas concevoir que cela puisse être la première. On pouvait pas concevoir qu’il en aurait une seconde. On ne pouvait pas concevoir qu’elle aurait lieu cette seconde seulement quelques dizaines années après. Donc, c’est important de réaliser que c’est la fin de la Première Guerre mondiale, mais c’est important aussi de réaliser ce que disait Clémenceau, c’est qu’on signe des traités de paix non pas pour terminer les guerres, mais pour commencer les suivantes. Le cadre va être clair seulement à partir du moment où on va vivre le traité de Versailles en 1919, mais en 1918 on ne regarde que la fin. La fin, c’est simplement le début d’un autre commencement. Cet autre commencement, d’ailleurs, on le voit bien dans le cadre du traité de Versailles, il va y avoir les articles de la Société des Nations les premiers, sa fondation finalement, qui va à partir de la seconde guerre mondiale, être transformée en l’Organisation des Nations Unies. Donc des points fondamentaux avec une contribution très importante de la part du Président des États Unis, Woodrow Wilson, prix Nobel de la paix, entre autres, qui aura permis d’ériger les bases de ce que nous vivons. En même temps, il faut réaliser que le 11 Novembre 1918 représente aussi une mémoire par rapport au sacrifice. De nombreuses personnes se sont sacrifiées pour qu’on puisse vivre libre. Elles se sont sacrifiées pour être du bon côté de l’histoire. C’est difficile à concevoir peut-être maintenant, mais il faut bien réaliser que nous devons faire des choix et ces choix ce ne sont pas les choix des victorieux. Ce sont les choix de l’histoire, notre position par rapport à l’histoire. Souvent on considère que la victoire va définir l’histoire. C’est faux. Parce qu’il faut bien réaliser que la barbarie, très souvent, commence par être victorieuse et il faut avoir un acte de résistance pour finalement redéfinir le chemin qui va nous permettre d’être du bon côté de l’histoire. Cet acte de résistance est fondamental, on l’a vu dans la Première Guerre mondiale, on l’a vu dans la Seconde Guerre mondiale. En tout cas, ce qui est sûr c’est que le 11 Novembre 1918 ne représente pas seulement la fin, mais représente le début d’une nouvelle ère, d’une nouvelle phase, qui sera fondamentale et qui est encore présente de nos jours. Et c’est pour ça qu’il faut bien saisir la chose dans le traité de Versailles, on voit les premiers éléments de la Société des Nations. On voit les premiers éléments de ce qui va devenir l’Organisation des Nations Unies. C’est une institution qui est fondamentale, souvent on la critique, souvent on ne comprend pas bien son rôle, mais en tout cas, son rôle est clair, même si sa stratégie n’est pas évidente. Il faut donc voir l’ensemble de ces données, lorsque nous parlons du 11 Novembre 1918 et pas simplement de considérer que c’est une date de la mémoire, c’est aussi une date pour l’intelligence puisque à partir de ce moment-là l’Humanité va comprendre qu’elle peut se détruire et donc il faut la sauvegarder par rapport aux attaques de la barbarie et c’est cela notre but à présent.