879 - Sur la puissance des religions

Ν. Λυγερός

Dans la logique de la disparition de l’empire des idéologies, nous voulons placer celle des religions de masse et ne considérer les problèmes de violence que comme des épiphénomènes locaux. Nous exagérons volontiers les différences locales et leurs conséquences sociales sans nous rendre compte qu’elles sont des conditions initiales. Notre approche est celle de la logique du commun et c’est sans doute pour cela qu’elle n’a rien de commun avec la logique. Les problèmes raciaux existent et s’interprètent naturellement dans le cadre de la sociologie. Les principes de la démocratie ne vont pas à l’encontre des différences raciales mais de leurs répercussions. C’est une erreur de considérer l’inexistence des différences comme de les considérer comme importantes pour l’évolution sociale. L’idée de la démocratie, son idéologie en somme, c’est de passer entre ces différences sans pour autant les nier. Elles représentent des données naturelles contre lesquelles il est vain de lutter et encore plus de mettre en exergue cette lutte. La réalité des problèmes religieux est tout autre. Ils dépendent d’une différence fondamentale qui stigmatise leur rôle. Ils appartiennent au domaine mental même si cela n’est pas toujours concret en raison de la présence du dogmatisme. Malgré tout en raison de cette appartenance au monde mental et en raison de principe de libre arbitre, ils représentent un choix pour l’individu. En d’autres termes, l’individu choisi sa différence par rapport aux autres au moment même où il choisit de s’approcher d’un groupe religieux particulier. En ce sens, les religions de masse appartiennent à la catégorie élective. Il n’y a pas de solution naturelle seulement une élection artificielle. Ainsi comme les individus ont conscience de ce choix, ils sont d’autant plus intransigeants à l’égard d’autrui s’il n’a pas effectué le même choix. En d’autres termes, ils interprètent le choix de l’autre comme un refus du leur. Cette interprétation justifie en quelque sorte les prises de position extrêmes d’autant plus que les différences religieuses n’appartiennent pas à l’expérimentable et l’expérimenté puisque l’essentiel de leurs structures se trouve dans l’au-delà. Certains pensent que c’est par nécessité d’autres comprendront que c’est un choix artificiel.