9317 - La formation de la Ligue

N. Lygeros

Le premier livre du manuscrit espagnol anonyme s’attardait sur tous les détails qui avaient conduit à la perte de Chypre pour la Chrétienté sur les erreurs mais aussi sur les sacrifices de certains combattants dont la noblesse n’avait pas fléchi sous le joug de la barbarie ottomane. Néanmoins le Chevalier savait ne que trop bien les faiblesses de la flotte vénitienne. La défaite provenait avant tous de ses problèmes internes et non de la puissance ottomane. Le problème véritable à présent, c’était que l’île était tombée entre les mains des Turcs. Le Maitre savait combien ce point avait joué un rôle crucial dans la formation de la Ligue qui fut constituée le 29 mai 1571. Pour lui, elle remplaça ainsi la date de la prise de Constantinople, le 29 mai 1453. Il s’agissait donc d’une contre-attaque contre l’Empire ottoman dans le but de démontrer le caractère fallacieux de son invincibilité. Il relut avec attention le premier article de sa constitution.

« La ligue entre Sa Sainteté, Sa Majesté et la Seigneurie de Venise doit être perpétuelle, défensive et offensive, dirigée contre les Turcs et leurs territoires y compris ceux d’Alger, de Tripoli et de Tunis. »

Il n’était pas sans intérêt de constater le rôle joué par ces trois dernières villes déjà à cette époque et de les relier avec les événements qui concernaient le grand bleu. Les points d’accès et de contrôle avaient toujours été importants voilà ce qu’il ne manquait pas de dire à la bibliothécaire.

« On entend laisser une place honorable dans la Ligue à l’Empereur, aux rois de France, de Portugal, de Pologne, et on accroîtra les forces communes avec ce qu’ils pourraient contribuer, le Pape exhortant les dits Princes et tous les Princes chrétiens à entrer dans la Ligue. »

L’exemple avait été donné, la voie avait été tracée. Et après cela, les indifférents voudraient nous faire croire que nous n’avons rien en commun et que les pays d’Europe ne constituaient qu’une simple union, rétorqua la bibliothécaire lorsque le Maître lui indiqua ces détails de l’histoire de la Chrétienté. Elle manqua de s’étouffer en apprenant le nom du général en chef de la Ligue qui n’était autre que le fils de l’empereur Charles Quint, le Sérénissime Seigneur Don Juan d’Autriche. Voilà ils étaient au complet et personne ne mentionnait aussi clairement ces fragments temporels qui expliquaient bien des choses et des faits qui concernaient l’avenir. La carte de la Mer Méditerranée devenait de plus en plus épaisse dans l’espace temporel qu’elle venait de découvrir grâce au Maître. Ainsi tout était relié via un réseau qui traversait le labyrinthe temporel grâce aux serviteurs de l’Humanité. Le chemin parcouru par les Templiers puis les Hospitaliers n’aboutissait pas seulement aux célèbres croisades mais conduisait à la Sainte Ligue et à la victoire des Chevaliers après de terribles combats contre la barbarie ottomane qui voulait teindre en rouge, le grand bleu.