Il est rare de trouver des personnes capables de voir dans un livre un élément de la bibliothèque. Mais pour lui, cela était une évidence à l’instar de l’homme qui se définit via l’Humanité. Aussi, dès le départ le livre représenta pour lui un degré de liberté même s’il était invisible pour les autres car il ressentait en lui la présence de la bibliothèque. En réalité, il voyait que le livre était dans le secret de la bibliothèque. C’était comme s’il appartenait à un autre monde non pas parallèle mais confiné dans lequel se trouvait l’essence du Temps. Il imaginait le livre dans la bibliothèque comme un guerrier dans un château. Cette association était encore plus naturelle avec les livres anciens car leur couverture lui rappelait une armure. Ils ressemblaient à un chevalier sans armure car ils étaient faits de lumière et d’essence. Parfois sur le cuir de la couverture et au-delà des empreintes, il voyait ces pierres semi-précieuses qui servaient de défense aux attaques de l’usure. Les livres traversaient les époques comme les châteaux. Seulement ils vivaient pleinement dans leurs bibliothèques. C’étaient leurs univers habituels. En ce sens, les livres étaient des points d’accès à ces univers Ils n’étaient pas seulement le résultat d’une pensée mais aussi un lien entre les pensées et une manière d’unir les morts avec les non nés. C’était cet état de transcendance qui touchait de plein fouet son âme.