1436 - Pensée européenne et cause arménienne
N. Lygeros
La diplomatie turque doit enfin comprendre que tout penseur européen, tout défenseur des droits de l’homme est d’abord Arménien. Si nous retrouvons des références à l’Arménie dans les manuscrits de Leonardo da Vinci, ce n’est pas un hasard. Ce pays a toujours attiré l’Europe. Seulement désormais, son peuple est encore plus important car le génocide des Arméniens de 1915 représente un paradigme dans le domaine des droits de l’Homme. Ses victimes d’une guerre totale sans nom, sont des preuves qui crient dans notre mémoire car les hommes se sont tus.
À présent, nous n’avons plus aucune excuse car nous ne sommes pas en danger direct. Aussi nous nous devons de montrer que la cause arménienne est l’un des constituants fondamentaux de la pensée européenne. Nous avons certes été capables de concevoir la Déclaration des droits de l’Homme. Mais d’autres peuples ont eu à subir les conséquences de sa transgression. Ces innocents ont donné une leçon aux justes. Ils ont donné leur vie afin que des hommes sacrifient la leur à cette cause. Nous ne pouvons pas nous contenter de dire que nous sommes les enfants de la Déclaration des Droits de l’Homme, nous sommes aussi les parents des enfants victimes du génocide. Car le génocide des Arméniens, le premier du XXème siècle, a modifié notre manière de voir les droits de l’Homme. Il nous a permis de comprendre ce que constitue la réalité d’un crime contre l’humanité.
La diplomatie turque tente par tous les moyens d’exclure les revendications arméniennes comme elle conteste l’existence de Chypre afin de se présenter de façon neutre. Seulement, la pensée européenne n’a pas oublié le passé car il est imprescriptible, mais aussi, car c’est aussi notre passé.
Nous ne voulons pas accepter le génocide de la mémoire, cet autre génocide du système turc. Si nous sommes européens c’est aussi parce que nous sommes aussi Arméniens, car notre propre histoire a été blessée par le génocide de ce peuple. La diplomatie turque aura beau jouer la carte de la nouvelle image, nous gardons en mémoire celles du Petit Illustré de nos ancêtres qui illustraient le massacre à la turque. Comme les enfants devenus grands se rappellent encore des images de l’école, notre mémoire ne peut oublier les victimes du génocide car elle est la continuation de leurs morts. La mémoire peut transcender la mort mais seule la reconnaissance du génocide transcende la barbarie. Si la Turquie ne reconnaît pas le génocide, elle reconnaîtra que nous sommes Arméniens !