1297 - Bilan positif du Luxembourg
N. Lygeros
Le Grand-Duché du Luxembourg était déjà connu pour son rôle de membre fondateur de l’entité qui allait devenir l’Union Européenne que nous connaissons. Tout au long de son histoire européenne, le Luxembourg a su malgré la taille de son territoire non seulement se faire une place mais aussi prendre des initiatives constructives pour l’ensemble de l’Union Européenne. Et sa présidence de l’Union a été remarquable quant à la continuité de cette vision européenne. Le résultat du référendum populaire est venu confirmer cet ensemble cohérent d’idées qui structure l’entité luxembourgeoise vis-à-vis de l’Union Européenne.
Le peuple luxembourgeois ne s’est pas laissé influencer par l’esprit de contradiction et le populisme dont certains politiciens ont fait preuve. Le résultat est limpide et nullement contestable car la différence est là malgré toutes les tentatives de la minimiser via des méthodes peu axiologiques. La Constitution européenne, et l’Union Européenne à travers elle, avait subi des critiques en raison du fait qu’elle tenait compte de l’avis de petits pays. Et bien, le Luxembourg la remercie à travers son vote pour son geste décisif. Il l’avait déjà fait via sa présidence exemplaire mais celle-ci appartenait à un cadre non exceptionnel. Tandis que la résolution du Luxembourg se situe dans une période de crise. L’absence de consensus en matière de budget en raison des positions extrêmes et franchement anti-européennes de la présidence actuelle n’a fait que mettre en évidence l’existence de tensions internes, de frictions qui ne peuvent plus être camouflées à l’aide de la langue diplomatique. La réalité européenne existe, les différences d’interprétations aussi mais une seule vision peut s’imposer car il s’agit d’une question de cohérence interne et d’unité dans la politique extérieure. Le Luxembourg a donc affiché avec éclat son appartenance à une vision synthétique de l’Union Européenne. Conscient de la gravité de la situation, le peuple luxembourgeois a su imposer son opinion malgré tout le reste et sans tenir compte d’un prétendu débat interne qui était hors de propos en ce qui concerne les objectifs de la Constitution Européenne.
L’envergure de celle-ci dépasse de loin le cadre national et le misérabilisme intellectuel. Il y a en son sein du souffle et du panache, choses il est vrai, bien rares de nos jours et particulièrement dans le cadre politique où malheureusement tout est permis. Cependant justement parce que tout est permis, c’est encore plus beau de faire valoir des valeurs humaines qui créent un champ diachronique et éthique. Et le choix luxembourgeois va dans ce sens. Il partage les valeurs de l’Union Européenne et particulièrement de la Charte des droits fondamentaux sans admettre aucune autre priorité locale. L’humain passe avant le social et le social avant l’économique. Ce choix n’est pas seulement éthique, il est de plus stratégiquement efficace. Il correspond aussi bien à l’analyse qui provient de la théorie des jeux qu’aux données que nous avons dans le domaine des ressources humaines. L’humain a une place centrale dans toute activité même si celle-ci est économique car il est par définition le noyau dans le sens où il représente l’élément qui par sa modification produit un impact sur l’ensemble de la structure. Et le Luxembourg a choisi de faire partie de ce noyau.