997 - L’enclave et la diaspora
N. Lygeros
Pour les peuples dont la mémoire souffre, les notions d’enclave et de diaspora sont fondamentales. Elles le sont pour de multiples raisons mais celles qui nous préoccupent dans cet article ce sont celles qui concernent la géopolitique. En effet pour comprendre les situations paradoxales qui sont nées dans les réunions diplomatiques, il est nécessaire d’être familiarisé avec ces phénomènes. Les deux notions ne sont pas intrinsèques au peuple considéré. Elles représentent le résultat d’une agression extérieure qui peut être d’origine raciale comme le génocide, d’origine politique comme le régime totalitaire ou d’origine économique comme la crise. Et nous avons parfois la combinaison de ces origines. En tout cas l’existence de ces deux pôles créé une situation diplomatique paradoxale car la diaspora est essentiellement plus libre que l’enclave qui est restée sous le joug de l’agresseur.
Ainsi ceux qui subissent directement la pression ont tendance à collaborer afin de ne pas avoir des répercussions alors que la diaspora a une position traditionnellement plus agressive à l’encontre de l’oppresseur car justement elle ne dépend plus directement de lui. Le problème, c’est que cette situation permet à l’oppresseur d’exploiter la divergence des points de vue en les mettant en opposition face à la communauté internationale.
Alors qu’il serait possible, même si cela est certainement difficile opératoirement parlant, d’exploiter ce double front pour lutter plus efficacement contre le commun agresseur. Cependant pour que cela devienne une réalité il faut développer un véritable mix stratégique afin d’éviter les confrontations négatives. De plus, les équipes diplomatiques devraient exploiter la liberté de parole de la diaspora afin de faire passer des messages à la communauté internationale sans pour autant remettre en cause directement sa politique officielle.
Malheureusement l’importance de la faiblesse humaine dépasse bien souvent la grandeur de celle-ci, aussi nous voyons des victimes se faire les avocats les plus fanatiques de leurs bourreaux. Et cette tendance est présente dans les deux pôles toujours officiellement pour la même raison à savoir la protection des personnes qui se trouvent directement sous le joug de l’oppresseur. De manière diachronique nous avons pu observer ce phénomène au sein de différents peuples, nous ne pouvons manquer d’y voir la présence d’un schéma mental qui caractérise le comportement de la masse vis à vis du système de l’oppresseur.
Seulement ce comportement à courte vue ne peut que faire perdurer une situation désespérante basée sur l’espoir d’une amélioration. Cependant cette amélioration ne peut exister aussi c’est contre cet espoir vain qu’il faut lutter en affirmant son inexistence et en agissant comme si tout dépendait de notre action. C’est ce schéma qu’enseigne la géopolitique à l’enclave et la diaspora.