787 - Remarques sur la réalité de l’attaque allemande de 1940
N. Lygeros
En France, comme ailleurs, il est difficile de ne pas avoir subi un enseignement dogmatique vantant les exploits et les mérites de la guerre éclair. Ceci s’explique de différentes manières qu’il n’est pas nécessaire d’énumérer ici. Par contre la réalité des évènements est riche en enseignements. En effet les fameuses divisions de Panzer qui formaient le fer de lance de l’avancée allemande avaient subi tellement de pannes mécaniques qu’il avait fallu entre autres monter des mitrailleuses sur des camions pris à l’armée française. Les divisions d’infanterie qui constituaient classiquement le gros des troupes progressaient à pied depuis le début de la guerre éclair. Par conséquent elles étaient au bord de l’épuisement total. La logistique dont le flux subissait une tension extrême ne put suivre le mouvement offensif que grâce à l’abondance d’approvisionnement dans les campagnes conquises. Les pénuries en carburant ne furent comblées que grâce aux réquisitions dans les zones conquises. Cet état des lieux montre la réalité de l’offensive allemande mais aussi le manque d’information du renseignement français. Il démythifie aussi le rôle du maréchal Pétain qui est considéré par certains comme le sage qui a sauvé la France d’une catastrophe nationale. Car la catastrophe avait déjà eu lieu et la demande d’armistice français aurait-elle tardé l’addition de l’ensemble de ces faiblesses allemandes aurait fait basculer au-delà du point culminant de la victoire et créé un retournement de la logique paradoxale de la convergence des contraires. En fait l’attaque allemande a beaucoup plus eu raison du moral des troupes françaises que des défenses sur le territoire français. Certes il était difficile de résister directement à cet assaut initialement bien préparé mais il était tout à fait possible d’exploiter ses propres faiblesses par une véritable stratégie de défense qui aurait privé les troupes ennemies d’un ravitaillement relativement aisé, d’une infrastructure intacte et d’un armistice accordé avec précipitation. Car une vague offensive peut être très puissante mais pour être efficace, elle doit être soutenue par des renforts et une logistique puissants. La défense était possible mais il eut fallu des hommes pour y croire et ceux-ci étaient trop peu nombreux comme le montra par la suite l’histoire de la résistance française.