451 - Silence pour cinq personnages

N. Lygeros

Sur un banc très long, un homme est assis au milieu de deux femmes.
Il regarde dans le vide, très droit dans sa posture.

Les femmes dans une symétrie parfaite par rapport au personnage central, appuient leurs bras sur leurs jambes croisées. Leur tête est posée sur leur main qui soutient leur légèreté. Elles ne s’occupent pas de l’homme.

Deux autres personnages font irruption sur scène. Leur démarche est lente. Ils s’approchent du banc mais au lieu d’y prendre place à la manière des autres, ils mettent un pied après l’autre sur le banc et se dressent à la verticale.

L’homme est le seul à les voir mais seuls ses yeux trahissent son inquiétude.

Les deux personnages se penchent par dessus les femmes qui restent immobiles.

Pendant cette approche, les yeux de l’homme ne cessent de les dévisager. Il finit par signaler leur présence aux deux femmes grâce à un mouvement lent et discret de ses genoux.

Elles le regardent alors avec intérêt sans comprendre pour autant la teneur de son message.

L’homme semble terrorisé par les personnages qui ont étendu leurs bras comme des ailes afin de contrebalancer leur mouvement vers le centre.

La tête de l’homme finit par tomber.

Les femmes ont alors un mouvement de recul de la tête.

Pendant ce temps les personnages qui sont toujours debout sur le banc approchent leur main cachée pour la poser avec tendresse sur la tête de l’homme.

Celui-ci semble revivre après ce geste. Il relève la tête lentement à la surprise des femmes.

Les femmes ont décroisé leurs jambes et tiennent l’homme par le tronc.

L’homme lève peu à peu ses bras.

Les personnages le tiennent désormais par le bras et l’épaule.

L’homme étend ses bras comme des ailes.

Il se redresse soutenu par les personnages et retenu par les femmes.

Il est à présent debout, les bras étendus.

Les personnages le tiennent par ses mains.

Il fait un mouvement de la jambe droite comme si c’était la première fois.

Il tente de marcher mais son pas reste suspendu.

Les mains des femmes glissent le long de son corps.

Il se dégage d’elles et s’avance toujours aidé par les personnages qui le contemplent.

Il se libère aussi de leur aide.

Il marche seul tandis que tous le regardent.

Les femmes baissent la tête.

Les personnages le suivent du regard.

Sans se retourner, il avance sur scène.

Sur son visage on lit le sentiment de liberté.

Il lève encore plus haut ses mains.

Puis il écarte peu à peu les jambes.

Il a les bras et les jambes à l’image d’une croix de Saint André.

L’homme.