280 - Une question de vie ou de mort
N. Lygeros
R : Oui, d’une certaine manière…
Q : Et la vie des hommes alors ?
R : Elle est à l’image de notre pièce : pour la plupart d’entre eux c’est une comédie tragique. Rares sont les hommes dont les vies sont des drames ou des tragédies…
Q : Mais il s’agit de théâtre, n’est-ce pas ?
R : Le théâtre de la vie !
Q : Pour quelle raison le théâtre parle-t-il si souvent de la vie ?
R : Car il est ancré en elle. Il ne peut en être autrement…
Q : Dans ce cas, même si Dieu a libéré les hommes de sa présence, ils ne savent que faire de son absence.
R : C’est le centre de gravité de notre précédente discussion…
Q : Ce n’est donc pas une comédie ?
R : Une comédie n’est pas toujours drôle…
Q : Mais pourquoi ?
R : Sinon ce serait une farce !
Q : C’est une blague ?
R : Non, non je parle sérieusement! Un temps. D’ailleurs, ici, il n’y a pas de dindon…
Q : En regardant le public. Et des autruches ?
R : Il y en a de partout…
Q : C’est pour cela que les hommes ne volent pas ?
R : Les hommes ont brisé leurs ailes…
Q : Il ne suffit pas d’avoir des cuisses ?
R : En regardant les femmes du public. Pour les hommes, non !
Q : Combien d’hommes ont conscience de l’aspect tragique de la vie ?
R : Très peu. Et heureusement !
Q : Pourquoi donc ?
R : Ce ne serait pas drôle tous les jours…
Q : Mais la vie conduit à la mort…
R : Non ! La vie naît de la mort !
Q : Comment ?
R : Contrairement aux apparences, la mort est source de création.
Q : De mieux en mieux…
R : Car la vie est création !
Q : Et l’évolution ?
R : C’est le mode de création.
Q : C’est tout ?
R : Le reste n’est que détail…
Q : Et la procréation et la récréation ?
R : Une seule et même chose.
Q : Mais pour certains la vie n’est que récréation…
R : Jusqu’à l’heure de la sonnerie !
Q : C’est le glas, alors ?
R : Non, ceci est un autre son de cloche !
Q : La situation me semble bien compliquée…
R : Elle est pourtant d’une simplicité extrême…
Q : Surpris. Comment ?
R : Tout est complexe !
Q : Dans ce cas, comment faire pour vivre, pour créer ?
R : Il faut se reporter au dictionnaire.
Q : Mais ce n’est plus un jeu. Un temps. C’est une question de vie ou de mort !
R : Tout est une question de temps !
Q : Cela n’a rien de commun !
R : Justement, c’est l’essentiel…
Q : Mais alors…
R : Il faut consulter le dictionnaire des noms propres ! Il n’y est question que de vie et de mort !