6026 - Sur le collectif arménien
N. Lygeros
Pour conceptualiser le collectif arménien, il est nécessaire de le placer dans le cadre temporel. Sinon il est difficile de percevoir la continuité de son réseau dans l’espace. En effet, l’arménité ne semble active en termes de résistance face à l’appareil turc, qu’au travers des groupuscules qui semblent totalement indépendants. Cette tendance est confortée par l’existence de divergences au sein de la diaspora vis-à-vis des opinions politiques, de la politique étrangère et des prises de positions de l’état arménien. Ainsi sans le cadre temporel, il est impossible d’établir la connexité de ces différents réseaux aux constitutions hétérogènes. Cet état de chose, n’est nullement surprenant en soi et il ne dépend aucunement de l’arménité. Il n’est pas non plus une conséquence directe du génocide des Arméniens, il n’est pas non plus spécifique à cette période officielle puisque les massacres hamidiens sont de même type pour cette problématique. Le problème est plus profond en termes de structure, et il correspond à la défense de la victime. Face à une agression, cette dernière, ne peut répondre comme un seul homme. Aussi elle doit d’abord survivre à l’attaque et si celle-ci est massive et systématique à l’instar d’un génocide, cette phase peut être terminale. Ensuite, elle doit s’organiser pour vivre dans les nouvelles conditions. Puis elle doit penser sa propre existence. Enfin, elle se doit de passer à l’action afin d’infléchir la position et remettre en cause la situation. Actuellement, l’Arménité se trouve dans cette phase face à la politique de propagande de l’appareil turc et la mise en place d’un génocide de la mémoire. Aussi le problème de la structure du collectif arménien est primordial. Car cette structure sera capable de provoquer un changement de phase uniquement si elle est robuste, selon la théorie des graphes. Car au sein de la théorie d’Erdös des petits mondes, c’est la connexité qui permet de résoudre d’une part le problème de couverture du graphe, d’autre part le moyen d’action. Or cette connexité semble n’être dans le meilleur des cas qu’une vue de l’esprit. Nous observons un manque de combativité, une absence de revendication dans une situation où les deux sont indispensables. Alors la question fondamentale est simple : est-ce une vue de l’esprit ou une véritable vision. Nous pensons que le réalisme de la première n’apporte rien à la cause vis-à-vis du dynamisme de la seconde. Aussi nous nous devons non seulement de trouver un point d’intersection dans le substrat du collectif arménien mais aussi des critères de convergences capables de dépasser cette difficulté intrinsèque. Cela est possible avec les techniques du mix stratégique.