Télégramme S.E Carathéodory Pacha à S.A le Grand Vézir Constantinople Berlin, le 30 Juin 78 N° 73 Pour le chiffre, H.Odian | Voici en résumé la déclaration de Dé- liyanni. La Grèce ne constitue qu’ une partie de la nation. La réalisation de tous ses vœux rencontrant des difficultés nombreuses elle limitera ses aspirations à l’annexion de Candie et des provinces limitrophes. Le passé de ces provinces prouve que l’Europe ne resterait tran- quille de ce côté, si ces vœux n’é- taient pas satisfaits. La Turquie y trouverait aussi son intérêt en s’épargnant des frais et des conflits inutiles. Le désir des populations de ses provinces ne saurait faire doute. La Thessalie n’a pu être pacifiée que sur l’ assurance de l’Angleterre que la cause hellénique ne sera pas lésée et qu’elle dirait au Congrès que la pacification est du à son interven- tion. Candie est en pleine insurrection. L’annexion serait donc une œuvre d’humanité pour ces populations. Quant au royaume hellénique que son Gouvernement le veuille ou ne le veuille pas il subit des crises sérieuses toutes les fois que ces pro- | |
| vinces sont agitées, les crises amènent une tension dans ses relations avec la Turquie et la conséquence en est que ses finances s’épuisent en armemens et en secours aux réfugiés dont il entretient aujourd’ hui trente mille sur son territoire. La déclaration conclut par ces mots. Le Gt de S.M est pénétré de la conviction inébranlable qu’un pareil état de choses ne peuvent se prolonger. Il croit remplir un devoir qu’il ne lui est point permis de négliger en s’empressant d’exposer au Congrès cette situation et de le prier de bien vouloir y remé- dier en écartant les causes qui l’ont préparée. J’ai exposé à V.A la procédure suivie dans la séance d’hier par le Congrès à l’égard de la Grèce. Quand est-ce que cette affaire reviendra sur le papier personne ne le sait, car jusqu’à présent aucune puissance n’ a formulé aucune idée. Bismarc interpella à ce sujet Salisbury et lui demanda s’il avait quelque chose à dire du moment que c’était l’Angleterre qui avait insisté pour faire admettre ou | |
| plutôt entendre la Grèce. Mais Salisbury ne dit rien. Plus tard à l’occasion de la question de savoir si on entendrait ou non les Roumains, Bismarc en ouvrant la discussion dit textuellement « le point a une importance « réelle parce qu’il affecte la « Russie et par conséquent il « touche à la question de paix ou « de guerre qui a motivé la réunion du Congrès. Il n’ « en était pas de même de la « Grèce. Que les vœux des Grecs « soient satisfaits ou non cela « m’importe peu parce que cela « ne peut exercer une influence « décisive sur la marche générale “de nos délibérations ». Je n’ai pas relevé ces expressions car ce serait inutile je les ai seule- ment notées pour m’en servir au besoin. Pour ce qui est des Anglais, ils sont visiblement embarrassés avec cette affaire Grecque ; et quant aux français, ils ne semblent pas la prendre à coeur. Tous les autres s’opposeront. Reste le mot énigmatique de Bismarc que je viens de rapporter plus haut et qui se | |
| prête à un double sens. Toutefois sans insister sur le dédain avec lequel Bismarc affecte de traiter visiblement tous les peuples d’Orient et toutes les questions orientales dès qu’il n’ y a pas danger de guerre Européenne je dois relever aux yeux de V. A. que Bismarc avant de faire entendre Deliaynni ayant posé au Congrès et fait voter l’ article du traité de S. Stéfano relatif aux provinces Grecques avec le changement que j’ai indiqué à V. A a déjà implici- tement résolu la question Grecque puisque nous avons maintenant un grand argument en notre faveur parce que nous allons déclarer que le Congrès ne peut plus revenir sur ce qu’il a lui-même décidé. | |