1963 - Le combat de l’information
N. Lygeros
Encore maintenant et sans doute pour longtemps encore, certaines personnes s’interrogent sur la nécessité d’avoir érigé le Mémorial Lyonnais pour le Génocide des Arméniens à cet endroit si central de la ville. Certains Arméniens sous la pression des questions tendent presque à s’excuser en se justifiant par des arguments recherchés. En réalité, ils ne sont pas conscients du fait que même ce type de question est un excellent moyen d’informer les personnes sur la valeur de la cause arménienne. Ils ne se rendent pas compte que si le Mémorial avait été placé sur un rond point ou un parking, personne ne leur dirait quoi que ce soit. Si le Mémorial gêne par sa présence dans la ville de Lyon, c’est au contraire qu’il se trouve dans un endroit stratégique. Cela ne veut pas dire pour autant que le Mémorial ne doit être que symbolique, il se doit aussi d’être esthétique afin de s’intégrer dans le patrimoine culturel français à l’instar de la communauté arménienne dans son ensemble au sein de la population française. Le Mémorial doit gêner par son importance afin d’aider la cause. Mais il doit aussi s’intégrer à cette terre qui leur permet de vivre via le respect architectural. C’est en ce sens que le Mémorial remplit doublement sa fonction car il représente simultanément une cible et un objectif. De plus, grâce à son aspect universaliste, il intègre des éléments d’autres cultures et d’autres peuples qui ont tous comme point commun la capacité de survivre malgré l’horreur de la barbarie. Les Arméniens ne doivent pas être mal à l’aise en parlant du Mémorial car celui-ci possède tous les arguments nécessaires à sa justification. Au contraire, il agit en tant que fer de lance de la résistance arménienne et dans ce qu’elle a de plus beau et de plus perceptible pour des personnes qui pensent ne pas appartenir à ce contexte historique. Il représente le savoir-faire d’un peuple qui ne se contente pas de se lamenter sur son sort mais qui est capable de créer du beau après avoir traversé les champs de la barbarie et de l’horreur. Voilà pourquoi le Mémorial aide le combat de l’information. Et ce dernier est d’autant plus important qu’il s’agit de lutter contre la désinformation systématique de l’appareil de propagande turc qui tente par tous les moyens de détourner l’attention des personnes neutres en exploitant tous les arguments superficiels possibles de manière à minimiser les faits. Chaque question, chaque préoccupation est un moyen de parler du génocide, non pas pour négocier son existence mais pour renforcer la cause et ses objectifs.