1344 - La procédure de prise de décision
N. Lygeros
Soit le schéma mental classique de la procédure de décision :
Il est évident qu’il s’agit d’un schéma analysé a posteriori. Cependant dans les applications réelles ceci n’a pas de sens car le feedback comme nous l’avons décrit dans un précédent article ne peut être activé inutilement. En réalité, il ne peut intervenir qu’à partir de l’analyse de la situation. Mais cette activation est déjà souhaitable afin d’éviter le coût computationel de la prise de décision. Il s’agit en somme d’un processus d’élagage qui amène parfois à redéfinir le problème initial avant de le traiter véritablement. Car la prise de décision peut aussi dépendre des critères d’implémentation. Ainsi il existe aussi un feedback à ce niveau avant donc le feedback principal du modèle qui semble linéaire même s’il se referme sous forme de cycle. En réalité, un graphe simple ne peut suffire à décrire le modèle de la procédure de décision. Il semble qu’un multigraphe soit nécessaire et ce, complété avec un automate sans forcément obtenir une chaîne de Markov puisque certains processus sont plus complexes et englobent parfois ce cas de figure. Il faut de plus prendre conscience que le feedback est polytopique et qu’il n’intervient pas seulement de manière linéaire pour former le cycle de la procédure chaînée. L’ensemble de la procédure doit être immergée dans un feedback polymorphique si nous désirons obtenir une image unifiée. De manière plus fondamentale, il est difficile de mettre en place une configuration modulaire car le feedback agit de manière holistique. Aussi dans cette forme délocalisée de cette entité, il est préférable d’utiliser le formalisme adopté pour caractériser les complexes chimiques. Avec cet ensemble de remarques, nous voyons que le schéma mental initial est absolument obsolète et qu’il ne représente qu’une approximation grossière de la réalité mentale qui régit la procédure de prise de décision. Il faut de plus ajouter que cette dernière ne peut jamais s’effectuer avant la réalisation d’un brainstorming qui intervient lui aussi à plusieurs niveaux. Nous avons donc un véritable phénomène de délocalisation de l’information. L’ensemble est ainsi géré comme un processus de méta information qui fonctionne comme une multiplicité de poupées russes. Le schéma mental initial ne représente que la première couche de cet ensemble global. Nous voyons donc que la procédure de prise de décision ne peut être analysée que de manière fragmentaire par une approche classique ce qui explique le faible rendement de certains enseignements dans le domaine du management stratégique. Il ne suffit pas de coder pour comprendre, il faut aussi compresser et ce, de façon intelligente.