78 - Poème de Manolis Andronikos. (trad. du grec) Bull. Fr.-Hellénique, n25, 9/97.
N. Lygeros
Et pourtant les années qui sont passées
creusant un profond sillon dans la terre
je les compte sur les pétales blancs de la marguerite,
cueillie sur la terre fraîche
de l’amour enseveli de l’enfance.
Le son de la cloche pascale
je l’entends encore dans mon sommeil
les nuits de printemps
sonner la Résurrection de Jésus
dans l’enclos illuminé de l’église
Je peux sentir
la salinité marine de l’île
et dire aux coquillages
le chant d’autrui
en fermant les yeux sur la rigole du chemin
Maintenant pourtant
avec les yeux ouverts et les mains vides
je marche dans le désert.
Les marguerites ne sont que l’addition de leurs atomes
le chant pascal longueur d’ondes
et l’odeur de la mer excitation de la matière.
Le vol des oiseaux
la couleur des fleurs
le scintillement des étoiles
que sont-ils devenus ?
L’ignorance du nourrisson
la sagesse du grand-père
le charme de la mère
où sont-ils?
La tendre attente de l’amour
Le calme mûr de la connaissance
Le souffle chaud du combat
quand nous ont-ils quittés ?
La terre de la glèbe nourricière
l’air du ciel
l’eau de la mer
peuvent-ils se dissoudre?
Le Dieu de nos pères
le doux Jésus
la vierge Marie
ne répondront-ils pas aux génuflexions des fidèles désespérés?
Le nuage de feu du Pacifique
a-t-il pulvérisé la crèche de la grotte
et empêché l’Ange
de renverser la pierre tombale?