Il avait travaillé sur le tableau Vélasquez intitulé Les Ménines dans le cadre de l’autoréférence car le peintre s’était représenté en train de peindre le roi et la reine qui n’étaient visibles que grâce au miroir. Cette approche novatrice encore de nos jours constitue une prouesse technique mais aussi mentale. Même sa hauteur qui dépasse les trois mètres reste impressionnante. Il voyait dans ce tableau une nature vivante en grandeur nature. Voilà ce qui était exceptionnel dans ce double tableau. Cette dualité pouvait être transposée et il réfléchit à la manière d’y parvenir. Il fallait voir en même temps le peintre et la personne peinte. Le peintre en train de la voir. C’était un assemblage d’admiration et de contemplation. Le peintre contemplait le modèle et le modèle admirait la toile. C’était un savant mélange. Ce n’était plus l’être et le temps ou encore l’être et le néant mais l’œuvre et l’être, l’opus et le corpus dans le même tableau, le double tableau. C’était un lien qui transcendait les distances grâce au temps. Le double tableau unissait les regards. Grâce au tableau les deux êtres ne faisaient qu’un. C’était cette harmonie qui engendrait cette jouissance de la vie absolument libre.