Il était impossible pour lui d’oublier

le Grand Dérangement.

L’année 1755 était restée gravée dans sa mémoire.

Car cette injustice avait été mise de côté.

Comme si elle n’avait jamais existé.

Il avait fallu plusieurs siècles

pour que cette mémoire redevienne une réalité.

Elle avait appris cela par de l’histoire à travers lui.

Seulement elle n’avait jamais vu

un élément concret

pour s’appuyer sur lui.

C’était sans compter sur P’tit Jean.

C’était le nom qu’il avait donné à l’accordéon cajun.

C’était une référence à la Ballade de Jean Batailleur

dont l’auteur avait défendu avec ardeur

la cause acadienne.

Cependant elle comprit aussi la référence plus profonde

au quatrième Evangile…

Le plus christologique…

C’était aussi celui qui mentionnait

le lieu du Baptême du Christ,

en Béthanie au-delà du Jourdain.

Cela bien sûr ne changeait rien.

P’tit Jean était là parmi eux

pour leur rappeler la Louisiane

mais aussi à travers elle

l’Acadie.

C’était encore un combat

qu’il se devait de poursuivre

car la justice de l’Humanité

n’avait pas encore été reconnue.

L’accordéon cajun était là pour le rappeler,

non pas à lui

mais aux autres

qui ignoraient son engagement.

Aussi elle aimait sa présence

et sa musique la réconfortait.