96261 - Hors équilibre

N. Lygeros

L’équilibre n’avait jamais constitué une fin en soi pour lui. Il le voyait plutôt comme un obstacle à l’harmonie. D’ailleurs dans le calme de la Théorie des Jeux, l’équilibre de Nash était possible même en l’absence de collaboration. Si l’équilibre n’était pas une limite, ni un obstacle inaccessible, alors il était essentiel de ressentir le cadre initial de l’harmonie. Il n’était pas nécessaire de la rechercher ailleurs de manière désespérée mais bien de saisir son existence essentielle. Il fallait pour cela être hors équilibre afin de mettre en évidence son impact sur la vie. Car l’harmonie est initiale et non finale. Ce ressenti change complètement la vision du monde. C’était ces éléments d’harmonie qu’il voyait dans les livres et les ordinateurs lorsqu’il se trouvait dans une bibliothèque ou dans un centre de calcul. D’ailleurs la première fois qu’il avait expérimenté in vivo un réseau d’ordinateur, il avait vécu cette connexion avec l’harmonie alors que les autres n’y voyaient qu’un progrès de la mécanique et de l’informatique. C’était en réalité un premier pas qui allait au-delà de la communication et s’approchait de la compréhension. C’était cette profondeur qu’il voyait dans le réseau. Il ne s’agissait plus de points de singularité mais bien de relations dans une structure. Cela se confirma avec l’apparition des réseaux de neurones qui allaient redéfinir
les réalités du futur.