PTHA
Ν. Λυγερός
Ce personnage occupait la troisième place dans la nombreuse série des divinités de l’Egypte; les Grecs, en l’assimilant à leur Héphaistos, le Vulcain des Romains, ont singulièrement rabaissé et son rang et son importance; ils ont réduit les hautes fonctions de ce grand être cosmogonique à celles d’un simple ouvrier.
Telle ne fut point l’opinion des Egyptiens sur leur Phtha; selon leur mythes sacrés, la puissance démiurgique, l’esprit de l’Univers, Cnèph ou Cnouphis, avait produit un oeuf de sa bouche, et il en était sorti un dieu qui portait le nom de Phtha. Cet oeuf était la matière dont se compose le monde visible; il contenait l’agent, l’ouvrier qui devait en coordonner et en régulariser les diverses parties; et Phtha est l’esprit créateur actif, l’intelligence divine qui, dès l’origine des choses, entra en action pour accomplir l’Univers, en toute vérité et avec un art suprême.
L’image du dieu Phtha est habituellement sculptée, sur les bas-reliefs, à la suite d’Amon-Cnouphis son père; le grand Démiurge se montre en effet presque toujours accompagné de deux autres personnages divins; d’abord la déesse Nèith sa première émanation, et, de plus d’un dieu dont le corps est serré dans un vêtement très étroit, qui l’enveloppe depuis le cou jusqu’à la plante des pieds, et ne donne un libre passage qu’aux deux mains seulement. La tête de ce personnage mâle est couverte d’une coiffure très-simple, qui se modèle sur tout son contour; ses mains tiennent le sceptre ordinaire des dieux bienfaisants, combiné, avec cette espèce d’autel gradué à quatre corniches, qu’on nomme un nilomètre, et qui, dans l’écriture hiéroglypphique, esr le symbole de la coordination, avec la croix ansée, emblême de la vie divine. Ses chairs sont toujours peintes en vert.
Les Egyptiens qui voulaient rattacher l’histoire de la terre à celle des cieux, disaient que Phtha avait été le premier de leurs dynastes; mais que la durée de son règne ne saurait être fixée. Les Pharaons lui avaient consacré leur ville royale, Memphis, la seconde capitale de l’empire; ainsi, les quatre principales villes de l’Egypte, Thèbes, Memphis, Saïs et Héliopolis, étaient chacune sous la protection spéciale de l’une des quatre divinités, Amon-Cnouphis, Phtah, Nèith et Phré. Le magnifique temple de Ptah à Memphis, où se faisait l’inauguration des rois, a été décrit, en partie, par Hérodote et par Strabon; les plus illustres d’entre les Pharaons le décorèrent de portiques et de colosses.
L’être auquel on attribuait l’organisation du monde, devait nécessairement le connaître à fond, ainsi que les lois et les conditions de son bien-être et de son existence; aussi les prêtres Egyptiens regardaient-ils Phtha comme l’inventeur de la philosophie, bien différents, en cela, des Grecs, qui ne citaient de leur Héphaistos que des oeuvres matérielles et purement mécaniques.
in PANTHEON EGYPTIEN de Jean-François Champollion.
Remarque :
Le pilier devant lequel se tient le Dieu Ptah n’est pas un nilomètre mais un pilier djed, vénéré à Memphis et qui sert à écrire la notion de stabilité et de durée.