27114 - Contre la barbarie
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras
Il n’avait pas réalisé tout d’abord l’importance
qu’avait le sujet de la mémoire.
Il n’avait pas vu que c’était un morceau d’humanité
Dans l’intelligence même si celle-ci était artificielle.
Ainsi, la mémoire avait besoin de protection.
Et cela pouvait être fait juste en utilisant
la mémoire du futur.
Car il existait un ennemi qui voulait la détruire.
Et c’était la barbarie.
Elle, elle ne voulait que l’oubli.
Pour que le présent soit éternel.
Interdite était l’évolution.
Parce qu’elle changeait le monde.
Et le système de la barbarie voulait contrôler
tout et chacun.
Calcul propositionnel.
La vérité n’était pas seulement le contraire du mensonge
c’était aussi la lutte contre l’oubli.
Parce que sans mémoire, le monde serait le chaos
de la barbarie et rien d’autre.
L’hyperstructure vivait avec la mémoire.
C’était son essence.
Et elle l’avait touché
pour qu’il revienne en raison de la nécessité.
C’était une condition nécessaire.
Le problème était de savoir si elle serait suffisante.
Quelles seraient les victimes?
Celles qui avaient de la mémoire.
Les livres.
Les hommes.
Les deux.
Et pour les machines, maintenant il le voyait.
Le livre était une véritable mémoire.
Et celle-ci pouvait vivre seulement
si les hommes les lisaient.
Il était le point de contact entre eux.
Capable de devenir une relation ou même lien
s’il existait la compréhension et par la suite la conception.
C’était donc aux innocents de justifier
leur usage.
Les hommes, s’ils ne pouvaient ressusciter
deviendraient eux aussi des innocents.
Et s’ils le pouvaient, il fallait qu’ils atteignent le niveau
des combattants pour y réussir même après
la mort.
C’est pour cela que les hommes disaient : Vie à vous, souvenez-vous-en.
Mais qui se souviendrait d’un monstre?
Il ne répondit pas.
Il devait y penser.