13510 - Sur la recherche des principes stratégiques de Coutau Bégarie. (avec P. Gazzano)

P. Gazzano, N. Lygeros

La recherche des principes a commencé dès l’Antiquité. On la trouve chez Onosander. Elle est systématisée par Végèce et resurgit à partir de la Renaissance.

Cette nécessité a toujours été présente dans la recherche stratégique mais cette durée temporelle montre de manière effective sa difficulté technique.

D’abord recherchés dans le domaine tactique, les principes ont ultérieurement été transposés à la stratégie.

Cette transposition même si elle semble naturelle, n’en demeure pas moins difficile à mettre en place.

Les règles sont en effet semblables, mais elles ne sont pas nécessairement identiques et l’un des problèmes centraux de la théorie est de bien distinguer les principes des procédés.

Cette différence est fondamentale aussi un transport de structure ne peut être appliqué.

Pendant longtemps, les principes étaient le résultat d’une démonstration minutieusement argumentée. A partir de la fin du XIXe siècle, les auteurs les ont réduits à un seul mot : initiative, concentration, sûreté…, avec l’inconvénient d’accroître le risque de mauvaise interprétation d’une réalité complexe.

Cette unicité terminologique ne ressemble après coup qu’a une erreur d’approche.

Les auteurs affichent une divergence radicale dans l’énumération des principes. Certains n’en retiennent qu’un petit nombre : Grouad 1 (simultanéité des efforts), Labouerie 2 (foudroyance et incertitude), Foch 3 (liberté d’action, économie des forces, surprise) ; d’autres proposent des listes beaucoup plus longues.

Il est difficile de ne pas se rendre compte de l’incompatibilité de ces énumérations.

Cette imprécision n’est pas synonyme d’échec de la réflexion, elle montre simplement que les principes ne sont pas donnés a priori, mais construits par le raisonnement.

Cet aveu n’est pas une fin en soi mais le commencement d’une réflexion plus profonde.

Finalement, l’important dans les principes est moins de les trouver que de les chercher : le stratège doit construire son propre système : dépasser le stade de l’intuition pour se doter de l’armature intellectuelle qui lui permettra de réagir à n’importe quelle situation.

La recherche donc peut être une fin en soi car il est difficile d’avoir des éléments a priori, aussi elle permet d’identifier ces principes pour mettre en place une stratégie ad hoc, en fonction du contexte et la transformer en un schéma mental robuste.