9011 - La voix du maître
N. Lygeros
– As-tu entendu Albert Camus parler de sa terre du soleil ?
– Je suis malheureusement né après sa mort.
– Il existe pourtant des enregistrements de son vivant.
– Je ne le savais pas.
– Une amie m’a offert un exemplaire, je pourrai te le prêter.
– Volontiers… Je me demande…
– Ce n’est pas la peine…
– Mais je n’ai pas fini de dire…
– Je le sais bien.
– Tu es insupportable.
– Je le sais aussi.
– Au moins, tu en as conscience et tu le prends avec humour.
– C’est pour cela que nous sommes encore amis.
– C’est vrai !
– Et bien, sa voix donne le ton.
– C’est justement ce que…
– Tu vois !
– Bon, bon… Alors, elle est comment ?
– Chaude, virile, claire.
– Cela ne me surprend pas.
– Tant mieux.
– Pourquoi donc ?
– Tu accepteras mieux sa parole.
– Est-elle donc si étrange ?
– Non, au contraire, elle a quelque chose de familier.
– De familier, dis-tu ?
– Oui, oui, comme la voix d’un ami dans la pièce d’à côté.
– À ce point ?
– Tu pourras le constater toi-même.
– Et il parle de Proudhon ?
– Oui, et aussi de Tipasa.
– Dans le même texte ?
– Exactement.
– Je veux voir cela
– Tu l’entendras…