7091 - L’Artsakh entre dans une nouvelle phase
N. Lygeros
L’Artsakh entre dans une nouvelle phase. Il ne s’agit plus de mémoire et de revendication du passé mais d’aller au-delà dans le cadre d’un contexte géopolitique étrange et mouvant. Cette monographie collective a un sens à partir de l’instant où nous réalisons que nous devons intégrer des acquis. Nous nous trouvons certes après l’apport des combattants de l’Artsakh mais c’est justement pour cette raison que nous ne devons pas nous laisser influencer par un véritable appareil de propagande. Après avoir perdu la guerre de facto l’appareil azéri tente une nouvelle attaque dans le monde diplomatico-judiciaire. Cela ne signifie pas pour autant qu’il n’utilise plus de schémas mentaux stratégiques pour parvenir à ses fins. Aussi nous nous devons d’avoir des arguments objectifs et robustes pour parer ces allégations de mauvais aloi qui ne se basent que sur l’absence d’information et la désinformation. Aussi nous devons expliciter tous les détails afin de ne pas créer des amalgames. Le problème de l’Artsakh ne peut être corrigé uniquement à l’aide de négociations locales. Le substrat historique est radicalement différent de celui du problème chypriote. Seulement une méconnaissance engendre facilement des erreurs sinon tragiques, du moins stratégiques. Le caractère arbitraire des frontières intérieures de l’ex-Union Soviétique représente la structure initiale du problème et de l’affrontement. Il ne faut jamais cesser de conserver cela à l’esprit lorsque nous examinons les négociations à l’aide de la théorie des jeux. Car la position azérie consiste à effacer une partie du passé, à modifier une autre afin de la rendre cohérente avec des revendications qui ne commencent temporellement qu’après la guerre comme si cette dernière était le point initial à une chaîne de Markov. Aussi nous ne devons pas tomber dans ce piège. Seulement pour y parvenir nous devons concevoir une architecture solide à l’aide de textes juridiques de droit international qui ne permettent pas à l’appareil azéri de manipuler les autres joueurs. Dans cette nouvelle phase, le positionnement des défenseurs de l’Artsakh devient crucial dans le sens où ce sont les seuls qui vivent dans la résistance et la mémoire car l’arménité de l’Artsakh n’est pas un artefact mais son existence elle-même. Le symbolisme de Papik et Tatik est une réalité qui ne peut être niée car elle est l’histoire de cette terre ancestrale. Ce livre représente une volonté arménienne non seulement de ne pas oublier les sacrifices mais surtout de préparer l’avenir sur des fondements inébranlables car il s’agit du seul moyen de traverser cette nouvelle phase où l’appareil azéri tente de tout remettre en cause car il se sait incapable d’affronter autrement la réalité arménienne.