6596 - Leonardo da Vinci et le misérabilisme social

N. Lygeros

Cinq cents ans après Léonardo da Vinci, le misérabilisme social critique encore son génie universel. Certains le traitent d’ingénieur de papier, d’autres de peintre fumiste, d’autres encore de dilettante. Même après cinq cents ans, le génie universel de Leonardo da Vinci, continue de perturber les grands pontes des sociétés de la foutaise. Son existence même est contestée car elle représente une insulte pour cet ensemble de gagne-petit qui ne peuvent supporter la comparaison. Aussi ils se contentent de médire sur sa vie et sur son œuvre comme si tout cela n’était bon que pour les goujats. Ils en sont encore et toujours à la fable du renard et les raisins  et tentent vainement de cracher sur ce qui demeure inaccessible pour eux, le génie universel. La société du misérabilisme est capable de supporter le talent à condition bien sûr, que celui-ci soit unidimensionnel et qu’il ne dépasse pas de trop loin la commune mesure. Pour accepter le génie, celui-ci doit lui être au moins utile et au mieux asservi, sinon il constitue un élément perturbateur.

Quant au génie universel, celui-ci demeure fondamentalement intolérable car son impact sur l’humanité est tel que la société du misérabilisme se doit de vivre dans son univers, aussi elle lui en veut mortellement. L’ensemble des corps de métiers de cette dernière, a toujours quelque chose à dire sur l’opus de Leonardo da Vinci. Pour les peintres, il ne peignait pas assez, pour les sculpteurs, ses statues restent sur le papier, il en est de même pour les ingénieurs, ne parlons pas des inventeurs qui l’accusent de plagiat, pour les musiciens, son talent demeure inconnu. Aussi si nous écoutions tous ces individus, comment pourrions-nous estimer la grandeur de son génie universel à sa juste valeur. Il nous faut donc reconstruire  l’objet de la discussion à partir de ses fondements pour comprendre sa réalité. Si tous ces individus le critiquent sournoisement, c’est tout simplement que Leonardo da Vinci a touché leur domaine. C’est d’ailleurs pour cette raison que le misérabilisme social le voit avant tout comme un simple touche-à-tout.

Seulement elle oublie de préciser que tout ce qu’il touchait devenait de l’or. Elle cache avec zèle qu’il a inventé les pastels, le procédé du clair-obscur, l’histoire des personnages dans le paysage, la technique du sfumato, un appareil pour fabriquer des bonnets et surtout la machine volante à une époque où cela n’appartenait même pas au domaine de l’utopie. Elle ne parle aucunement de ses planches anatomiques, des squelettes léonardiens pour représenter les solides platoniciens, de ses études sur la perspective, de son traité de la peinture, de ses récits philosophiques, de sa lutte contre les scholastiques, de son intérêt pour la Nature, de son travail sur le mouvement, de ses inombrables manuscrits. Le misérabilisme social ne veut rien voir de tout cela car la société ne peut accepter que tout cela existe. Voilà pourquoi elle remet en cause même son existence. Il est donc nécessaire pour les hommes de l’avenir de ne point céder à cette tentation sociale, pour poursuivre l’opus de Leonardo da Vinci pour le bien se l’humanité.