Les Justes

Ν. Λυγερός

Albert Camus

pièce en cinq actes
Mise en scène Nikos Lygeros

Personnages

Dora Doulebov
Ivan Kaliayev
Stepan Fedorov
Boris Annenkov
Alexis Voinov

Adaptation : Nikos Lygeros
Musique : Paul-Valère Marchand
Costumes : Laure-Elisa Gros
Son et Lumière : Jean-Sébastien Sereni et Stephan Meynet
Assistant Son et Lumière : Florent Jouve
Photographie : Antoine Riche
Décor : Jeanne Carret et Michel Meynet
Collaboration artistique : Anne-Marie Bras
Collaboration technique : Groupe Spécial de Recherche

En février 1905, à Moscou, un groupe de terroristes, appartenant au parti socialiste révolutionnaire, organisait un attentat à la bombe contre le grand-duc Serge, oncle du tsar. Cet attentat et les circonstances singulières qui l’ont précédé et suivi font le sujet des Justes. Si extraordinaires que puissent paraître, en effet, certaines des situations de cette pièce, elles sont pourtant historiques. Ceci ne veut pas dire, on le verra d’ailleurs, que Les Justes soient une pièce historique. Mais tous les personnages ont réellement existé et se sont conduits comme je le dis. J’ai seulement tâché à rendre vraisemblable ce qui était déjà vrai.

J’ai même gardé au héros des Justes, Kaliayev, le nom qu’il a réellement porté. Je ne l’ai pas fait par paresse d’imagination, mais par respect et admiration pour des hommes, et des femmes qui, dans la plus impitoyable des tâches, n’ont pas pu se guérir de leur coeur. On a fait des progrès depuis, il est vrai, et la haine qui pesait sur ces âmes exceptionnelles comme une intolérable souffrance est devenue un système confortable. Raison de plus pour évoquer ces grandes ombres, leur juste révolte, leur fraternité difficile, les efforts démesurés qu’elles firent pour se mettre en accord avec le meurtre – et pour dire ainsi où est notre fidélité.

Albert Camus

Albert Camus n’était pas fait pour écrire sur un éphémère hiver. Il était l’écrivain de l’éternel été. Celui dont l’écriture est claire comme l’aube, belle comme un crépuscule. Seulement, depuis 1905, Ivan Kaliayev avait pris rendez-vous, sur cette terre, avec lui. Et les Justes représentent cette rencontre mentale. Sans fioritures, sans verbiage, Albert Camus se contente de décrire l’essentiel, de peur de trahir cette cause perdue. Cette beauté en quête de pureté dont le raisonnement paraît absurde. Voilà pourquoi l’auteur du Mythe de Sisyphe ne pouvait que s’intéresser à cette révolution pour la vie, cette révolution qui donnait une chance à la vie.

Aussi les Justes ne sont pas une création ex nihilo, ni un hymne au nihilisme. Cette pièce est une recomposition pensée de la réalité, une réécriture sensible de l’histoire, d’où la volonté affichée chez Albert Camus de rendre vraisemblable ce qui est vrai. Les Justes, ces grandes ombres qui supportent le soleil de la justice, sont comme des colonnes de temples grecs. Ils sont conçus de façon à ce que leurs projections mentales apparaissent à l’oeil humain comme ils sont dans la réalité : purs, droits et inflexibles. Conscients de ne pouvoir être à la hauteur de l’idée qu’à travers leur sacrifice, ils se réalisent dans ce concept extrême. De cet ensemble se dégage une nécessité ; celle de comprendre l’humain dans ce qu’il a de plus profond. Et dans ce processus irréversible, à travers l’homme de théâtre que représente Albert Camus, apparaît la révolte du premier homme qui, grâce à sa mort, atteint l’immortalité.

Nikos Lygeros

Renseignements

 


Pour plus d’informations sur Camus et son oeuvre voir le : Web Camus