9323 - Position, Disposition, Situation

N. Lygeros

Sans connaissances héraldiques, certains termes n’étaient pas interprétables de manière sensée. Ce principe était particulièrement valable pour des termes qui avaient par ailleurs un sens usuel. Parmi ces termes se trouvaient les mots suivants : position, disposition, situation. Le Maître tenta d’imaginer la scène, s’il avait dû expliquer ces sens obscurs à sa Rose. Elle avait immédiatement réagi, en faisant remarquer qu’il était absurde d’utiliser des doubles sens dans un vocabulaire technique mais il savait bien que cela se justifiait par la polysémie. Tel n’était pas son propos. Il fallait revenir au blasonnement de certaines armes pour comprendre l’essence du passé sinon les noms perdaient leur dimension temporelle. Aussi en la voyant, il préféra aborder directement le problème du codage à travers les métaux, les couleurs et les fourrures. Elle s’enfonça dans ce monde sans réaliser le chemin à parcourir. Elle connaissait bien pourtant les origines du Chevalier. Elle finit réagir au moment du traitement des partitions de l’écu. Ce fut grâce au coupé qu’elle intervint en s’écriant qu’elle reconnaissait. Il sourit devant son innocence toujours intacte malgré les années communes. Elle aima ce sourire si rare pour les autres et si caractéristique de leur relation intime. Elle voyait pourquoi il avait abordé ce sujet à cet instant mais elle se tut. Elle était très heureuse qu’il partagea cette réflexion au milieu de la confusion spatiale car ainsi elle touchait du doigt, avec son cœur, sa dimension temporelle.

Il évitait de jouer au jeu d’échecs avec elle. C’était un jeu de guerre qui n’avait pas de sens entre eux. Ils étaient du même côté de l’écu, avait-il l’habitude de dire pour expliquer sa position, sa disposition et sa situation. Cependant c’était à lui que revenait le rôle de porter cette lourde charge qui semblait si inutile en période de paix. Peu de personnes avaient conscience du caractère humain de l’écu par rapport à l’épée. Ils ne voyaient que l’aspect guerrier de la chose. Pourtant l’écu, avec l’apparition de l’armure avait perdu son sens premier et à travers les âges, était devenu la manière de se faire reconnaître. Et c’était sans aucun doute l’une des raisons qui expliquait pourquoi le Chevalier y tenait tellement à cœur. De plus, sans bouclier, comment aurait-il lutté contre les Seldjoukides, les Ayyoubides, les Mamelouks et enfin l’Empire ottoman ? Et puis sans connaissance en poliorcétique comment aurait-il pu reprendre les terres conquises ? Aucun miracle n’aurait suffi à cela. L’intelligence était toujours nécessaire lorsque l’ennemi était en grand nombre. Les ancêtres l’avaient toujours su. L’intelligence était l’avenir de l’Humanité. Voilà pourquoi, elle était si dangereuse pour la société. Peu à peu, leur conversation les amena à examiner les cartes des différents empires qui avaient existé dans le temps. Il ne s’agissait échelonnement de jeu d’échecs, de dames ou de go mais bien de position, disposition et situation.